Grand invité de l'édition 2025 du forum Accel'air ce vendredi 27 septembre, l'agroclimatologue Serge Zaka a livré ses prévisions sur "l'alimentation et l'agriculture de demain, dans l'Aude", thème retenu cette année. 230 élus, techniciens et professionnels avaient répondu à l'invitation du Département. Nouvelles cultures, nouvelles filières : la nécessaire adaptation au changement climatique doit s'anticiper afin d'être prêt à l'horizon 2050.
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Adapter ses cultures, oui, mais accompagner le changement
"Quelle agriculture et quelle alimentation, demain, dans l'Aude ?" A l'invitation du Département, plus de 230 élus, techniciens et professionnels audois sont venus débattre, le vendredi 27 septembre, échanger, écouter leurs pairs mais aussi des experts autour d'une thématique hautement liée à la transition écologique.
Pour envisager l'avenir, la collectivité avait notamment convié à son forum Accel'air un agroclimatologue de renom : Serge Zaka. Si ce dernier a insisté sur la nécessité d'anticiper le changement climatique en se tournant vers de nouvelles cultures et/ou de nouvelles variétés, il a également évoqué le besoin d'accompagner ce changement pour l'inscrire dans les habitudes de consommation. "Le plus dur n'est pas de changer de culture mais de développer aussi les filières, a-t-il annoncé. Les collectivités, mais aussi l'Etat et l'Europe ont un rôle à jouer."
L'ensemble du conseil départemental apprécie l'ampleur de la tâche et travaille avec tous les moyens dont il dispose."
Vice-président en charge de la transition écologique, Francis Morlon a assuré à l'assistance que "l'ensemble du conseil départemental apprécie l'ampleur de la tâche et travaille avec tous les moyens dont il dispose", rappelant les différentes actions déjà menées afin de "lier la fourche à la fourchette" : Marque Pays Cathare, Projet alimentaire territorial, aires de vente directe aménagées, plateforme Agricocal pour l'approvisionnement des cantines collectives...
Ensemble, nous trouverons les solutions. Nous le devons."
"Il n'est pas de meilleure leçon que l'exemplarité, a reconnu, en préambule, la présidente du Département, Hélène Sandragné. Ensemble, nous trouverons les solutions. Nous le devons." Des solutions qui ont commencé à émerger pas plus tard que dans l'après-midi, au cours des 12 ateliers thématiques qui étaient proposés.
L'olivier, l'amandier, la grenade, les agrumes... cultures audoises de demain ?
Mais avant cela, Serge Zaka a exposé, à l'assistance, les résultats de ses travaux de recherche sur l'agriculture de demain en France, mettant l'accent sur le territoire audois. Sans pessimisme, il a évoqué les nouvelles cultures appelées à être développées en remplacement des actuelles, comparant l'Aude de demain à la région espagnole d'Alicante d'aujourd'hui. "Toute la partie ouest du Département va se retrouver sous un climat méditerranéen à l'horizon 2050, ce qui va demander une évolution agricole profonde. Il n'y a pas de risque de désertification, il y a des voies d'adaptation. Là où l'Aude possède de grandes cultures, l'olivier remplacerait le maïs, la figue et les amandes pourraient ainsi remplacer le tournesol, l'abricot du Colorado supplanterait l'abricot du Roussillon..." Serge Zaka a aussi évoqué le nèfle, la grenade, le kaki, la pistache, les agrumes. Il a aussi été question de patate douce. "La tomate, la courgette et l'aubergine seront dans nos potagers, mais au printemps et à l'automne."Avec cette assurance : "L'eau reviendra, mais différemment. Avec des précipitations plus importantes, plus concentrées sur une période, suivies de périodes plus longues sans pluie."
Pour s'adapter, il existe ainsi 3 solutions :
l'adaptation génétique
l'adaptation chimique et mécanique
l'adaptation des sols, des arbres et des haies. "L'ombre sera l'amie de la culture à l'avenir. Il faut protéger nos sols, les couvrir entre deux cultures, limiter le labour."
Arrêter la vigne serait une erreur !
Il s'est également voulu rassurant vis-à-vis des vignerons. "Arrêter la vigne serait une erreur ! s'est-il exclamé, avant de parler d'une nécessaire évolution. La viticulture sera toujours présente, mais elle ne sera plus la même. Les cépages seront différents, comme ceux du sud de l'Espagne, avec un vin plus fort en degrés. En 2050, nous verrons peut-être même de nouvelles AOC et IGP ? Mais attention, l'excellence ne doit pas devenir un boulet", a-t-il averti.Pour y parvenir, les viticulteurs devront être accompagnés par les pouvoirs publics. "L'avenir de la viticulture dépendra aussi des aides qui existeront pour parer les années de sécheresse et permettre les reconversions."
Reste à changer les habitudes de consommation et à développer les filières, ce qui, de l'avis de Serge Zaka, est le défi le plus important qu'il conviendra de relever. "Le plus compliqué n'est pas de planter, le plus compliqué c'est de consommer. Il faut une anticipation à ce niveau-là, des actions de promotion. Le rôle des collectivités est primordial. Il est hors de question que ce soient les agriculteurs qui financent les nouvelles filières. Ce doit être le rôle de l'État et de l'Union européenne." Ça, et une nécessaire anticipation. "Changer les habitudes des acheteurs est compliqué. Il faut 30 ans pour changer les habitudes alimentaires. Le terroir de l'Aude de 2050, il faut le réfléchir dès maintenant."