Envisager l'avenir, ensemble. Un mois après le dramatique incendie meurtrier qui a ravagé 17 000 hectares au coeur des Corbières, le Département et la Région Occitanie se mettent en ordre de marche pour (re) construire un territoire adapté aux nouvelles exigences climatiques. Lors d'une conférence de presse donnée ce vendredi 12 septembre à l'Hôtel du Département de Carcassonne, les présidentes Hélène Sandragné et Carole Delga en appellent à tous les acteurs du territoire, élus locaux... mais aussi à l'Etat pour que soit pris en compte "la spécificité de la forêt méditerranéenne".
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Envisager un nouvel avenir pour le territoire
Il fallait agir immédiatement. Il faut maintenant envisager un nouvel avenir pour le territoire. Après les mesures d'urgence mises en place en août alors que l'incendie faisait rage et dans les premiers jours qui ont suivi, l'Aude doit se reconstruire. Conscients de la nécessaire adaptation du territoire aux nouveaux enjeux et risques climatiques, le Département et la Région Occitanie ont annoncé, ce vendredi 12 septembre, le lancement d'un plan habitabilité et résilience pour les Corbières, et au-delà, pour l'Occitanie. Et de voir, dans le méga-feu de cet été, "un moment de bascule, pour reprendre les mots de la présidente Hélène Sandragné. Celui d’une prise de conscience généralisée des effets du changement climatique sur nos modes de vie et sur l’aménagement de l’espace rural".
10 millions d'euros engagés par le Département pour l'Aude, autant par la Région pour l'Occitanie
Chaque collectivité, dans ses domaines de compétences - dont certains se recoupent - va ainsi engager une série d'actions concrètes à l'attention des communes, viticulteurs, agriculteurs, ainsi que les entreprises, les acteurs du tourisme et de l’artisanat sinistrés, aux associations... Chacune, à hauteur de 10 millions d'euros, en plus du coût généré par la gestion de l'incendie lui-même. Soit une enveloppe totale de 20 millions d'euros.
Engagé dès les premières heures sur le terrain, aux côtés des pompiers et des sinistrés, le Département entend ainsi poursuivre et renforcer son rôle de chef de file des solidarités sur le territoire. "Nos mesures sont pensées à la fois comme des réponses aux attentes du territoire et de ses habitants, dans l’expression concrète de leurs besoins, mais aussi comme des perspectives d’avenir, commente Hélène Sandragné. Certaines sont d’effet quasiment immédiat quand d’autres prendront plus de temps, même si nous sommes bien conscients de l’urgence à agir". Autant d'actions et d'accompagnements seront au coeur du plan départemental d'habitabilité pour les Corbières dans les domaines suivants :
Pilotage de la défense de la forêt contre les incendies
Restructuration des espaces boisés
Soutien aux projets de sécurisation en eau potable pour les populations et en eau brute pour l’agriculture
Remise en culture de friches agricoles
Soutien aux diverses filières
Accompagnement à la restructuration et à l’aménagement des abords des villages
Une feuille de route pour les années à venir
De son côté, la Région Occitanie, en plus des 27 mesures annoncées pour l'Aude et le littoral méditerranéen le 9 septembre dernier, entend "continuer d’agir pour la reconstruction avec un objectif clair : bâtir une Occitanie plus forte et plus résiliente. Cette démarche s’appuiera sur une feuille de route qui sera présentée en novembre prochain et qui fixera les priorités pour les années à venir", toujours conjointement avec le Département.
Le nécessaire engagement de l'Etat et de l'Europe pour un "plan national Occitanie résilience"
Mais cet engagement et cette prise de conscience ne doivent pas s'arrêter aux frontières de l'Occitanie. Hélène Sandragné et Carole Delga en appellent toutes les deux à l'Etat et à l'Europe. "Il faut une reconnaissance de la spécificité de la forêt méditerranéenne, qui ne peut plus être appréhendée par l’État et dans les lois comme les autres forêts, plaide la présidente du Département. Il en va de l’habitabilité de nos territoires, c’est-à-dire de la possibilité de continuer à vivre dans un environnement accueillant et préservé, en intégrant l’évolution climatique, tout en en diminuant les effets anthropiques." Ce que confirme son homologue à la Région. "L’Occitanie est la région française la plus exposée aux risques climatiques. Elle a besoin de sécuriser sa ressource en eau, de bénéficier de moyens et d’infrastructures pour absorber une croissance démographique ultradynamique et de sortir d’un enclavement géographique qui la pénalise", détaille Carole Delga, avant d'évoquer la nécessité d'un "plan national Occitanie résilience" appuyé par l’Union Européenne, qui reconnaisse la spécificité de notre territoire et nous donne les outils réglementaires et financiers pour agir vite et fort".
Reconnaissance des incendies comme aléa climatique au titre des indemnisations agricoles et viticoles
Abondement et élargissement du fonds d’indemnisation (8 M€) aux viticulteurs et agriculteurs aux autres territoires touchés (11, 34 et 66)
Aide exceptionnelle au SYADEN pour la reconstruction et l’enfouissement des réseaux dans les zones de protection liées au projet UNESCO des Forteresses royales du Languedoc
Fourniture à court-terme de téléphones satellitaires pour les secours et demander, sur le long terme, une couverture sur ces territoires sensibles aux aléas climatiques
Sollicitation des financements pour maintenir le pélicandrome de l’aéroport de Carcassonne, et avoir du matériel supplémentaire pour le SDIS de l’Aude
Systématiser le système d’alerte d’information à la population dans l’Aude
Créer une zone de défense de sécurité en Occitanie
Renégociation d'un avenant au Contrat de plan Etat Région (CPER) pour l’Occitanie face au changement climatique